« Tu te rends compte, il a fait annuler les billets de train pour aller au mariage de sa nièce sous prétexte qu'ils n'étaient pas au tarif réduit ! » « Ah bon, et du coup, vous n’y êtes pas allés du tout ? » « Bah non ! ». Et madame Dugenou d’y aller de son couplet habituel sur son radin de mari, tandis que ses mains saisissent un foulard sur un présentoir pour le poser à la caisse. Sa sœur, qui lui rend visite, a pris froid. Bon, c’est vrai, ce foulard est rose vif, couleur que sa sœur exècre. Mais ceux en cachemire, plus foncés, coûtent près du double. Peu importe, l’essentiel, c’est que ça lui tienne chaud !
Que nous consacrions notre vie à nous approprier les faiblesses en tous genres de nos partenaires ou que leurs forces deviennent aussi un jour les nôtres est une question de choix personnel.
C’est bien simple : dès que l’on parle de quelque chose, du courant afflue vers le circuit correspondant du cerveau. La particularité des câbles de notre cerveau est la suivante : ils sont faits d’une substance vivante, poussent si on les utilise et grossissent tels des muscles que l'on entraîne. Le débit de courant est beaucoup plus important dans les câbles plus gros et plus costauds. Bref, ce dont on parle beaucoup, on finit par le faire soi-même plus que quiconque, car à chaque fois qu’on en parle, les câbles concernés grossissent de plus en plus. Plus on s’énerve contre quelqu’un, plus on a de chances de se comporter un beau jour de la même façon.
Alors si tu veux te rendre service, ne te retiens surtout pas de dire du bien des autres. Plus tu es précis dans la description que tu fais de ce que tu admires chez quelqu’un, mieux le circuit électrique qui fera qu’un jour tu te comporteras inéluctablement comme cette personne que tu admires se met en place dans ton cerveau.